Un sommet nommé Huayna Potosi – 6088m

Publié le par Lesaurelies

du 6 au 8 août

ALM - Aurélie LE MEUR / AM - Aurélie MACE

Au Pérou, depuis Puno, lorsque nous sommes allées la première fois sur le lac Titicaca (île de Taquile), on pouvait apercevoir au loin – à plus de 250 km - la majestueuse cordillère royale de Bolivie, ça faisait rêver.... Ensuite, arrivées en Bolivie, sur l’Isla del Sol (pour ceux qui suivent, cf. article Le lac Titicaca), nous nous rapprochions de la cordillère - cette barrière de 200km hérissée de pics qui sépare l’Altiplano de l’Amazonie - alors on s’est dit et si on faisait un trek, un vrai ?

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La cordillère Royale et le bleu Lapis Lazuli du lac Titicaca, qué bonito !

Alors on a fait le tour de l’île au pas de course, car l’île étant à 4000m d’altitude, c’était un bon entraînement pour l’acclimatation, et puis on connaît un accompagnateur en moyenne montagne, qui nous avait conseillé de boire beaucoup d’eau – merci Sylvain – alors on s’est mis à boire 2l d’eau par jour : hydratation+++, cela permet aussi une meilleure acclimatation…

On se renseigne, on commence à lire les bons conseils du routard, ils décrivent les différents treks de la région et écrivent « le Huayna Potosi : c’est l’un des sommets de plus de 6000m les plus accessibles au monde. Cela dit on en bave quand même, pas besoin d’être un grimpeur chevronné mais il faut une bonne résistance physique et s’être adapté à l’altitude…». On se dit que c’est celui qui nous faut, on poursuit l’acclimatation et l’hydratation+++.

Arrivées à la Paz, toujours sur les conseils du routard, nous nous rendons à l’agence bien connue du docteur Hugo (ADH).

Les Aurélies : « Le Huayna, on peut le faire ? »

ADH : « Avez-vous plus de 8 jours à plus de 4000m ? »

Les Aurélies : « oui +++ »

ADH : « Avez-vous de l’expérience : altitude, glacier, crampons et piolets ? »

Les Aurélies : « Pas du tout --- »

ADH : « Ce n’est pas grave, il y a une demi-journée d’entraînement ; nous avons un refuge à 4700m, ainsi qu’à 5300m, des guides compétents et statistiquement vous avec 80% de chance d’atteindre le sommet. »

Les Aurélies : « Ah, super, on va en baver. » Pas de panique, ça va bien se passer.

Alors, il nous donne un papier où tout est inscrit, cela commence par le fait que cette ascension peut paraître insurmontable mais qu’en fait c’est possible, que nous avons probablement déjà tout le matériel, que l’agence n’est là qu’au cas où il nous manquerait quelque chose… Nous concernant, il nous manque pas mal de matériel, on apportera des petites laines d’alpaga et du chocolat !

Nous sommes le vendredi 6 août, c’est le jour de la fête nationale, tout le monde fait la fête, on se dit que nous ne pourrons pas rencontrer d’organisations, c’est donc le bon moment pour l’ascension. Il est 9h, nous sommes devant l’agence, on a deux paires de gants, 3 paires de chaussettes, un méga bonnet en laine d’alpaga, et du chocolat pour 15 jours (il paraît qu’il fait -30°C à 6000m, ça va cailler). Nous sommes un groupe de 7 personnes : 6 français et un hollandais. On fait l’inventaire, on s’équipe : on essaie les bottes en plastique pour les crampons, un pantalon, une veste, des gants imperméables, un sac polaire pour le duvet, nous avons tout, nous voilà parties en combi vers le Huayna Potosi…

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Arrivées au refuge à 4700m, on refait l’inventaire du matos avec les guides, ils nous donnent crampons, piolets et harnais. Déjeuner et on s’équipe pour l’après-midi d’entraînement.

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On marche pendant 45’ et sur le glacier on découvre les crampons, le planté de piolet, l’escalade d’un mur de 15m, les mecs du groupe découvrent les muscles de leurs cuisses…nous on connaît avec la danse africaine !! On s’amuse, c’est ludique, on simule une chute, on se rattrape avec notre piolet, au passage on se fait des bleus pour rien… On rentre, ça y est on maîtrise, on peut y aller. Dîner, discussion au coin de la cheminée, un vrai refuge !

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On ne dort pas vraiment, réveil à 8h. Petit déjeuner et matinée libre pour se détendre et poursuivre l’acclimatation, on prépare nos affaires, il est où le chocolat ? On fait un tour, on admire le beau Huayna Potosi, on prend des photos…puis déjeuner, et ça y est on s’habille et départ à 13h pour le second refuge à 5300m. On décide de porter nous-mêmes nos affaires – on est trop fortes !

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ALM : « je suis pas sûre d’avoir la condition physique, mais c’est pas grave : s’il y a un moment où je dois me surpasser, c’est maintenant ».

On marche sur des cailloux, on n’a pas encore les crampons.

Après 1h45 de marche, on fait une pause à l'entrée du parc National, une entrée pas comme les autres :

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Le bureau du parc National se fond dans le paysage !

Il est 16h30, on est au deuxième refuge, c’était pas si dur…

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On se change, on boit du maté de coca, puis c’est l’heure de la soupe, il est 18h, tous en ligne sur le lit superposé (1 grand pour 7), puis il est 19h, c’est l’heure de dormir, car le réveil est mis pour 1h00 du matin. On ne dort pas, on a des fous rires ainsi que des vents, on est un peu en stress…

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AM est morte de rire et se cache dans son duvet, ALM retient son fou rire ... il faut bien extérioriser

Le réveil sonne, tout le monde saute du lit, on s’habille, petit déjeuner léger, toujours du maté de coca et on sort. Il y a plein d’étoiles, pas trop le temps d’admirer, on doit s’équiper : le harnais, les crampons, le piolet et s’encorder : nous avons un guide pour toutes les deux, c’est Ramiro (les guides font l'ascension en moyenne 4 fois par semaine pendant 4 mois, soit 64 fois par an, qui fait mieux ?).

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On part à la frontale, le souffle est court, pas de panique ça va bien se passer…Il y a plein d’autres petites lumières qui avancent doucement mais sûrement…On se fait des petites chiques de coca : un truc miracle qui va nous aider dans cette épreuve ; on fait des pauses chocolat tous les 200m,

AM : « Aurélie fait plus de pauses que les autres, à un moment elle veut même s’asseoir, elle est fatiguée,… je la tire d’un côté avec la corde et freine le guide de l’autre, qui va un peu trop vite ».

ALM : « Moi, je me dis : regarde tes pieds comme ils avancent tous seuls, car quand je regarde la grande masse noire de la montagne et que je me dis qu’on va tout en haut, j’ai du mal à y croire… ».

Il est environ 5h30, c’est la 3ème pause et on nous dit : « on est à 6000m » ! Ouah, il ne nous reste que 88 petits mètres, trop facile, on y est presque !

AM : « La phrase magique, d’un coup, Aurélie retrouve de l’énergie ! »

Pour finir, c’est un peu plus de l’escalade, on met les mains et les pieds et on arrive sur la crête, il fait encore nuit, heureusement, on ne voit pas le précipice…

On arrive au sommet à 6088m, il fait nuit ; après 4h30 de marche par -8°C et 788m de dénivelé.

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Vous avez vu, c’est beau le paysage !

Le guide nous ancre pour ne pas tomber, on aperçoit les lumières d’El Alto et les premiers rayons de soleil arrivent, c’est magnifique, on a envie de pleurer, on a réussi, que d’émotions, on distingue de plus en plus tout ce qui nous entoure, c’est rose, c’est bleu, c'est jaune, c’est beau…

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Ca y est le soleil est levé, on voit tout.

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Comme sur un nuage ...

à droite on peut apercevoir les lumières d'El Alto

Et, c’est l’heure de redescendre !

Les Aurélies : « Déjà ? c’est pas drôle ! "

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Vue depuis la crête.

La descente est plus rapide, on peut enfin admirer la beauté de ce qui nous entoure : il est beau le glacier, elles sont grandes les crevasses, elle est flippante la crête…

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Un vrai glacier !

On descend machinalement, on ne marche pas toujours très droit - car on est quand même épuisées – sauf quand on passe un mur au bord d’une crevasse !

AM : « C’est au tour d’Aurélie de me tirer, c’est beau l’entraide »

Retour au refuge de 5300m, on tombe les crampons et les bottes en plastique, ça fait du bien, petite pause et on continue la descente. Là on choisit de faire porter un sac, c’est bon on a fait nos preuves, il ne faudrait pas qu’on se fasse mal !

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1er refuge, repas, inventaire du matos et retour en combi sur une piste bien chaotique puis La Paz, on n’en revient pas : on a réussi et c’est déjà terminé ! On est crevées, direction la pension et une bonne douche…on était nazes, alors on n’a pas fait d’étirements…

Bonne nuit bien méritée, on met le réveil à 8h30 car nous avons rendez-vous avec une organisation dès le matin, nos activités reprennent !

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C
<br /> Super les nanas! rien ne vous sera plus insurmontable après une telle balade. Quelle beau voyage je fais de ma campagne sud Rennaise!<br /> Merci<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Una gran subida, chicas! ¡Bravo!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Ben alors là !! Chapeau bas les filles... J'oserais plus faire de balades avec vous en montagne, peut être sur la lune ??<br /> Cà doit être un moment unique d'être à 6000m et une joie intense d'avoir gravi une telle montagne.....<br /> Bises vous faîtes pas mal.. et à très bientôt pour nous raconter tous vosexploits...je vois le blog bien tard sinon, j'aurais davantage communiquer, bizzz Pat<br /> <br /> <br />
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D
<br /> AM qui rit dans le duvet, je la reconnais bien là ! ça me rappelle l'époque de l'internat ;-)<br /> <br /> <br />
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D
<br /> WAOUH on voit ça qu'à la télé, mais vous étiez un peu préparé quand même ?<br /> en tout cas bravo, un exploit !<br /> vraiment j'espère que vous pourrez me raconter ça bientôt.<br /> Je vous embrasse<br /> <br /> <br />
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